Histoire de l’art par une nulle (4)

Demain c’est la Visitation.

Cette fête catholique (et orthodoxe, je crois) a été de nombreuses fois représentée notamment avec Raphaël ou Pontormo ou encore un peu plus tard par Coypel.

Mais là je vais m’arrêter sur celle de Domenico Ghirlandaio et pour laquelle j’avais dû faire, lors de mes études à Paris, une courte présentation orale, au Louvre, devant l’œuvre dans la Grande Galerie, et avec tous les touristes qui s’arrêtent pour écouter… petit moment de stress quand même. Et autant dire que je ne me souviens pas du tout de mon blabla de l’époque et ne l’ai pas sauvegardé sur une disquette…ok là j’exagère.

Ghirlandaio est plutôt connu comme fresquiste ou pour le réalisme de son portrait de vieillard.

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Domenico Ghirlandaio, Portrait d’un vieillard et d’un jeune garçon, vers 1490, Louvre

Il a comme grand commanditaire Laurent de Médicis, mais la Visitation a été commandée par Lorenzo Tornabuoni (fils de Giovanni Tornabuoni, oncle de Laurent de Médicis) pour sa chapelle dans une église de Florence.

L’œuvre de 1491 -œuvre tardive puisqu’il meurt en 1494- illustre un épisode de l’Évangile de Luc (1, 39-56) dans lequel est racontée la visite que fait Marie à sa cousine Elisabeth après que l’ange Gabriel l’ait informée qu’elle serait enceinte de Jésus – six mois auparavant, le même ange était apparu à Zacharie, l’époux d’Elisabeth, pour l’informer que sa femme, malgré son âge avancé et sa stérilité, enfanterait un fils, Jean-Baptiste. A notre époque mieux vaut congeler nos œufs dès 35 ans…(me reste deux ans fiouf!) je doute que l’ange Gabriel ne refasse une apparition sous peu…

La scène se déroule dans un intérieur contemporain ouvrant sur un paysage probablement florentin en arrière-plan. Elisabeth est respectueusement agenouillée devant le ventre de Marie qui lui annonce qu’elle va donner naissance à Jésus.

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Marie Jacobé, elle aussi enceinte, à gauche de la Vierge et Marie-Salomé à droite, cadrent la scène à la manière des deux pilastres encadrant la fenêtre. Leur présence peut se comprendre comme une allusion au sacrifice futur du Christ et à la rédemption de l’humanité puisqu’elles seront toutes deux témoins de la Crucifixion et de la Résurrection (repris du cartel du Louvre). Avec tout ce petit monde c’est un peu la baby shower de l’époque.

On y retrouve l’influence de Masaccio, bien connu pour son impressionnante fresque de la Trinité qui lancera les bases de la perspective en peinture.

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Masaccio, La Trinité, 1427-1428, Santa Maria Novella, Florence

Omniprésente dans l’œuvre de Ghirlandaio, la perspective est ici représentée par l’ouverture de la fenêtre sur un paysage lointain donnant ainsi un sentiment de profondeur à l’ensemble.

La lumière ne s’introduit par contre pas par cette ouverture mais semblerait-il par le haut un peu comme la lumière divine du Saint-Esprit qui berce la scène et se reflète ainsi sur les plis des vêtements et structure ainsi les magnifiques jeux des drapés.

Le choix des couleurs est relativement étonnant, ce dernier utilisant plutôt des tons terreux habituellement, ici on retrouve des couleurs plus « criardes » qui annoncent le maniérisme de 1510-1520 à Florence.

Malgré ces couleurs un peu « flashy » tous les éléments, l’équilibre de l’architecture et de la composition, la fluidité des vêtements, le calme des visages des protagonistes baignés dans une douce lumière confèrent à la scène une plénitude ne laissant pas encore présager les sacrifices et tourments de la vie du nouveau-né.

Domenico Ghirlandaio (Florence, 1449-1494), La Visitation, 1491, 1,72m x 1,67m, daté sur l’arc triomphal à droite, Louvre, Denon, 1er étage, Grande Galerie, salle 5.

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