Hamlet, Gershwin et un Boléro pour le Béjart Ballet

Hier soir, j’ai assisté à la première des 6 représentations du mois de juin du Béjart Ballet Lausanne. Comme à mon habitude, je m’y suis rendue gaiement avec ma maman, ravies de découvrir deux nouvelles créations et revoir le Boléro.

Au programme de cette soirée au Théâtre de Beaulieu, deux créations, Hamlet et Rhapsody in blue, un classique, Boléro, une exposition de costumes, une petite coupette de champagne et des souvenirs merveilleux avec ma maman et les danseuses et danseurs.

    Confortablement installée dans mon petit fauteuil du Théâtre de Beaulieu, je me réjouissais de ce moment après un vendredi bien pourri comme on les aime (pas). Je me suis rapidement fait la remarque que « tiens ça fait longtemps que j’ai pas relu Hamlet, suis plus sûre de me souvenir de l’histoire de Shakespeare… je sais qu’ils s’entretuent…, beuh, je le relirai ce weekend ».

    Le rideau se lève, et bim la claque. Les 2 danseuses Solène Burel et Min Kyun Lee et 9 danseurs, dont Oscar Eduardo Chacón, Masayoshi Onuki, Zsolt Kovacs et Oscar Frame, pour ne citer qu’eux, de noir vêtu, bien droits, vous fixent avec un regard dur et déterminé. Au centre, Julien Favreau, également directeur artistique ad intérim, trône en costume gris très clair, pull à col roulé et lunettes de soleil. Ce tableau sombre, mais lumineux à la fois, vous happe d’entrée de jeu. Le ton est donné, l’intensité est et la puissance de la pièce est déjà palpable.

    ©Gregory Batardon

    La compagnie nous entraîne dans les 5 actes de la tragédie de Shakespeare avec brio. On s’aime, on se trahit, on se bat à l’épée, on s’empoisonne, on pleure, l’œuvre de Shakespeare prend vie et mort aussi, sur les planches de la salle lausannoise.

    La classe à l’état pur, on vit chaque moment comme dans une série Netflix. Les tableaux sont tous plus beaux les uns que les autres et je ne vous parle même pas du choix des musiques. Max Richter avec November et Dona Nobis Pacem 2 tournent désormais en boucle dans mes oreilles et quand vint Apocalypse please de Muse, j’étais définitivement conquise et savais que je ne ferais désormais plus aucune preuve d’objectivité.

    Quoique… Mentionnons peut-être quand même une petite longueur lors du passage de Masayoshi Onuki qui danse toujours aussi bien même sans musique.

    Certains puristes, dont j’aurais pu faire partie, déploreront peut-être le fait que ce n’est pas une chorégraphie du Maître. La technicité et l’interprétation respirent Béjart, ce qui prouve que le Béjart Ballet Lausanne perpétue non seulement l’œuvre du chorégraphe éponyme, mais arrive à l’insuffler dans les pièces de chorégraphes invité.e.s.

    La programmation de cette soirée démontre un très bel équilibre entre créations et classiques.

    ©Gregory Batardon

    Après un entracte bien mérité et pour nous remettre des émotions d’Hamlet, on passe à Rhapsody in blue de Gershwin par Giorgio Madia. Un peu de légèreté arrivait à point nommé. Les danseurs, toutes et tous en bleu, virevoltaient au rythme de la musique telles des petites notes joyeuses un peu fofolles. Un petit bonbon de fraîcheur avant de passer au Boléro pour un vrai effet kiss cool.

    PS. ne sous-estimons pas les nombreuses répétions de maniements d’ampoules comme nous le racontait Jasmine Cammarota.

    ©Lauren Pasche

    Est-il vraiment nécessaire de m’attarder sur ce chef-d’œuvre artistique, technique et physique ? Je ne crois pas. D’ailleurs, j’ai arrêté de compter le nombre de fois que j’ai pu le voir. Et en plus tomber à chaque fois interprété par Julien Favreau qui nous emmène à chaque fois au paroxysme de la tension et de l’émotion.

    Cette fois-ci encore, il nous a offert une performance magistrale, qui transporta le public. La foule en délire l’ovationna à peine le rideau tombé et pendant presque aussi longtemps que la musique de Ravel elle-même, soit 16 minutes.

    En décembre, on retrouvera le Béjart Ballet à Beaulieu avec Le Presbytère. Je ne critiquerai pas ce choix, ne connaissant pas les tenants et aboutissants de la programmation. Un énième Le Presbytère, même s’il n’a rien perdu de son charme, a déjà été performé à bien de nombreuses reprises et même tout récemment. Peut-être pouvons-nous espérer de voir l’une des autres 50 pièces de Maurice… ? Comme Brel et Barbara, par exemple, ou l’impressionnante 9ᵉ Symphonie ? J’dis ça, j’dis rien.

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