Ombres sur Molière

On change de registre, pas de look cette fois-ci. Je tenais à vous parler de cette pièce coup de cœur au Théâtre du Reflet à Vevey « Ombres sur Molière » que j’ai pu voir mardi. Forcément: Molière -> 17ème siècle -> Louis XIV, vous vous doutez bien que cela allait facilement attiser ma curiosité. La région étant quand même peu friande des pièces classiques classiques(!) et ne m’étant pas véritablement renseignée sur le sujet avant (j’ai tendance à prendre des billets de théâtre sur un coup de tête) je m’attendais au pire: une revisite contemporaine abstracto-conceptuelle…

Eh bien, Dieu merci, il n’en fut rien, c’était bien une pièce en alexandrins (elle fait des vers sans en avoir l’air). Avec perruques et costumes d’époque, je sais chacun ses passions… Mais envoyer paître en alexandrins, ça a quand même tout son charme, je regrette de ne pas avoir noté une ou deux « sorties » bien placées! Rassurez-vous le texte qui suit est à mon niveau, en français moderne de blonde…

Cette pièce de Dominique Ziegler, qui a reçu le Prix de la plume d’or de la société genevoise des écrivains en 2014, tourne depuis février sur Genève (je crois) et c’est en parcourant les sites d’agenda de sorties que je suis tombée « par hasard » dessus. Je n’avais vu que la représentation au Théâtre du Reflet à Vevey mais elle est également jouée à la Grange de Dorigny jusqu’au 26 mars, je sais je suis un peu short dans les délais.

Le théâtre lui-même fut également une belle découverte, je ne le connaissais pas même si j’ai souvent passé devant les jours de marché (folklorique). Et moyennant modeste finance puisque ma place me coûta CHF 18.- au premier rang du balcon (je vous rassure je n’avais pas la barrière devant moi, c’était juste pour la photo…). Moi qui me plaignais du prix de la culture à Lausanne….

La pièce s’ouvre sur un décor composé uniquement de draps rouges en satin (? bref, ça brille). Entrent Madeleine (Béjart) et Molière et tout de suite nous sommes happés par le texte et les talentueux acteurs de la compagnie des Associés de l’Ombre. Rapidement on oublie qu’il faut quand même se concentrer la moindre pour comprendre les vers (cela change du langage de TPMP…). Et si même la blonde que je suis y réussi, tout le monde peut le faire. La pièce est tout de même notée « dès 12ans » personnellement à 12ans je pense pas que j’y aurais compris grand-chose…déjà qu’à 34…

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Le metteur en scène aborde ici le sujet, tout de même un peu connu et finalement encore très contemporain: la difficulté des artistes à créer des pièces traitant de sujets « chauds », la liberté d’expression et la censure (d’où l’une des ombres qui stagne sur Molière) et pour moi même le thème du rôle de l’artiste et du théâtre (divertir, instruire, dénoncer??). Pour celles et ceux qui ne dormaient pas durant leurs cours de français à l’école et lisaient les livres prescrits par la prof (oui je faisais partie de ces fayotes qui avaient tout lu en avance stabylobossé la moitié du bouquin…), vous avez fatalement dû lire Molière (L’Ecole des femmes, Les Femmes savantes, L’Avare, Le Misanthrope, le Malade imaginaire, Les Précieuses ridicules, le Bourgeois gentilhomme, Psyché, j’arrête de m’emballer et les relirai sur ma chaise longue).

Ici c’est la polémique autour de Tartuffe, créé en 1664, qui est mise à nu et la censure du Roi qui a interdit à Molière de la jouer. On dit que c’était surtout sa pieuse mère, Anne d’Autriche, qui l’a censurée par l’intermédiaire de son fils mais a priori, c’est plus une question politico-religieux avant la signature d’un traité. On se doute bien que Mon Louis n’était pas si influençable. L’Etat c’est LUI!

Au-delà de la réflexion autour de la créativité de l’artiste, la pièce nous fait passer par tous les états d’âme:

  • la comédie avec notamment l’exceptionnel conseiller au divertissement de Louis XIV, joué par Jean-Paul Favre qui en plus pousse la chansonnette, (je n’ai pas retenu une de tirade qui faisait allusion à la manière de gérer la politique culturel, mais tellement d’actualité):
  • la morale avec la tirade tonitruante du prêtre (?) offusqué par la pièce
  • et la tristesse avec la mort de Louis, l’enfant de Molière et Armande Béjart (ce n’est pas un spoiler…on sait que Molière n’a pas eu de descendance, hélas).

Une vraie réussite menée par une troupe talentueuse.

Et pour rester dans la lignée, je ne vais pas tarder à aller voir Amour et Psyché au Théâtre Kléber-Méleau mise en scène par son nouveau directeur, Omar Porras. J’avoue que la conservatrice-rétro-au-balais-dans-le-cul que je suis a quelques réserves sur cette nouvelle direction, moi qui appréciais leur programmation très classique avec du Corneille, Voltaire, Racine etc. Mais le reportage de la RTS sur la pièce m’a convaincue!

**Voilà pour ce petit intermède culturel **

 

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