En cette année 2021, nous fêtons les 100 ans de la naissance de l’écrivain bernois Friedrich Dürrenmatt (1921-1990) qui s’est installé à Neuchâtel en 1952. Depuis les années 2000, nous pouvons retrouver ses différentes facettes d’artiste dans son centre dédié, le Centre Dürrenmatt. Petit retour sur la fantastique et instructive visite guidée que j’ai pu suivre.
Friedrich Dürrenmatt. Son nom nous dit vaguement quelque chose, ou plus que vaguement pour les lecteurs assidus. Je me rappelle avoir lu Der Richer und sein Henker (Le Juge et son bourreau) en allemand au gymnase mais mes souvenirs s’arrêteront au titre. Pour ma défense cela commence à dater :-p mais j’ai prévu de le relire cet été. Et j’ai déjà terminé Les Physiciens et La Visite de la veille dame (oui en français, faut pas pousser :-)).
Alors lorsque Jura3lacs m’a proposé une visite guidée du Centre Dürrenmatt à Neuchâtel, j’ai sauté sur l’occasion de me cultiver la moindre et fus immédiatement conquise! Comment aurais-je pu passer à côté d’un écrivain suisse si lucide et à l’histoire et oeuvre aussi étonnantes?!
Qui est Friedrich Dürrenmatt?
Dürrenmatt est un écrivain, dramaturge, peintre bernois né dans l’Emmental en 1921 et mort en 1990 à Neuchâtel. Artiste complet et visionnaire, il a étudié la philosophie et la littérature allemande avant de se consacrer en 1946 à l’écriture.
En 1956, il publie son premier succès interplanétaire La Visite de la Vieille Dame qui sera traduit en plus de 40 langues et mis en scène à de nombreuses reprises aux quatre coins du globes.
A la fois critique, engagé, provocateur, drôle et ironique, il pousse à la réflexion et notamment sur le sentiment national et patriotique. Il sera d’ailleurs passablement critique envers la Suisse comme le montrait l’exposition que j’ai pu voir en juin et qui s’est terminée début juillet.
La nouvelle exposition temporaire, intitulée Rayonnement et engagement, nous fera voyager avec l’oeuvre de Dürrenmatt qui était finalement très international, et peut-être plus connu hors de la Suisse. Lui-même voyagera beaucoup. À voir jusqu’au 21 novembre 2021.
Avec plus d’une vingtaine de pièces de théâtres, d’une vingtaine de romans ou autres récits, des pièces radiophoniques, deux autobiographies, et j’en passe, Dürrenmatt recevra également de nombreux prix durant sa carrière.
Le Centre Dürrenmatt
C’est en 1952 que Dürrenmatt s’installe à Neuchâtel dans la maison du Vallon de l’Ermitage. Cet écrin de verdure avec sa vue imprenable sur le lac est un lieux aussi apaisant qu’époustouflant.
Si sa maison est restée « intacte », Mario Botta a créé en 2000 la partie plus muséale. Les deux styles se côtoient, se challengent et se complètent.
En 1964, Dürrenmatt fera construire une petite annexe, son bureau. C’est là qu’il y finira sa vie.
La visite
Dedans, dehors, moderne, ancien, rond, carré, vous passerez par tous les états en visitant le Centre Dürrenmatt. À commencer par…
La bibliothèque
Après avoir déposé vos affaires dans un casier, vous vous arrêterez quelques instants pour admirer la bibliothèque de Dürrenmatt aux rayons remplis d’ouvrages de littérature ô combien éclectique.
L’espace « Exposition »
Vous entamerez votre descente dans l’antre de l’oeuvre de Dürrenmatt pour une immersion totale. À commencer par la partie « archives » ou dépôt visitable. Vous aurez ainsi le choix d’écouter certaines de ses pièces radiophoniques, de regarder ses pièces jouées au Japon ou encore de découvrir des documents d’archives bien rangés dans leurs tiroirs verticaux.
Après cette mise en bouche et avoir jeté un rapide coup d’oeil par-dessus le « balcon », suite de la descente dans le « ventre de la terre » imaginé par Mario Botta. Vous y découvrirez l’oeuvre peinte encore méconnue de Dürrenmatt. Totalement inattendu, vous vous laisserez facilement subjuguer par ce spectaculaire accrochage.
Ainsi que par l’imposant cadre réalise par Mario Botta. Si on connaît Dürrenmatt plus par son oeuvre écrite que peinte, c’est pour la simple et bonne raison qu’il a souhaité lui-même la garder pour soi. C’était son exutoire intime et très expressif.
Mes photos ne rendent malheureusement pas justice à cette architecture monumentale. Le mieux sera de vous y rendre et l’admirer par vous-même.
Place à la partie récréative.
La Chapelle Sixtine… ou les toilettes
Petit « arrêt pipi » au trône décoré par Dürrenmatt. La puristo-pudique historienne de l’art que je suis a, je ne vous le cacherai pas, un petit peu tiqué à la vue de cette « oeuvre ». Mais elle est remplie de symboles.
La terrasse
Après avoir visité le Centre-même, on passe à l’extérieur pour se reposer sur l’immense terrasse avec vue. L’endroit idéal pour se replonger dans l’une de ses pièces. J’ai opté pour les Les Physiciens.
Le bureau
Vous terminerez votre visite par le bureau/atelier de Dürrenmatt. Insomniaque, il s’y retirait pour créer, écrire et observer les étoiles dès 1964 pour finalement s’y installer.
Reproduction de son « moodboard »
Ainsi s’achève la visite très résumée ici du Centre et de son artiste. Bien sûr il y a bon nombre de réflexions à mener avec un personnage aussi complet et complexe que Dürrenmatt et j’ai encore beaucoup à découvrir. Mais cette visite guidée m’a déjà énormément apporté, je vous recommande d’ailleurs d’en profiter lors de votre passage, au risque de passer à côté de beaucoup de choses sinon.
Belle visite!
Infos pratiques
- Le CDN est ouvert du mercredi au samedi de 11h à 17h et le dimanche de 10h à 17h.
- Le bureau est visitable les samedis de 11h00 à 13h30 et de 14h00 à 16h45.
- pour y accéder, à pied ça grimpe…! mais vous pouvez prendre le bus 109 (Trois-Chênes) ou 106 (Ermitage), arrêt Ermitage depuis la gare ou la Place Pury. Mais il y aura de toute façon un pti bout qui grimpe à faire à pied., environ 10 minutes de montée. Vous pouvez toujours vous arrêter, comme moi, entre deux à l’ombre du Jardin Botanique.