Une rentrée culturelle au féminin tragique

Pour cette rentrée théâtrale et ballettistique, il va falloir réviser ses classiques ! De Flaubert à Kafka, en passant par Laclos ou encore Racine, Beausobre, Vidy, Pulloff et l’Octogone nous servent sur un plateau d’argent une belle revisite de ces monuments littéraires. Il ne manque que Sartre et Diderot pour que je sois comblée. Bref, ressortons nos fiches de lecture.

Cela ne va pas vous surprendre, je préfère la littérature classique et donc le théâtre classique. Manque de bol, l’heure est plutôt à la revisite qu’à la visite des classiques lus.

Alors que mes camarades de classe cherchaient des résumés (il n’y avait pas encore ChatGPT pour nous cracher des analyses toutes prêtes), je dévorais les pavés des écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo ou encore mon préféré Choderlos de Laclos, tous y passaient.

3 Héroïnes de la littérature classique

Attardons-nous, pour commencer, sur Bovary Madame (Flaubert) mis en scène par Christophe Honoré au Théâtre de Vidy, Les Liaisons dangereuses (Laclos) à l’Octogone et Bérénice (Racine) à Beausobre. Au départ, je n’ai pas vu de lien particulier entre ces trois œuvres. Mise à part l’évidence qu’il s’agissait de trois héroïnes. Puis, c’est au cours de la conférence de Christophe Honoré au Théâtre de Vidy, que je me suis rendue compte d’un point commun: leur destin tragique, voire même leur chute (pas celle de Kafka 😜).

Rassurez-vous, je ne vais pas me lancer dans une analyse de texte hautement intellectuelle, féministe et inspirée. Je n’en ai évidemment pas les compétences. Mais je trouvais intéressant de présenter la rentrée théâtrale sous cet angle.

Les Liaisons Dangereuses, L’Octogone, 9 octobre 2025

Commençons par mon chouchou, ChoCho (Choderlos) de Laclos. Les Liaisons dangereuses, chef-d’œuvre épistolaire, est une machine infernale où les personnages jouent avec l’amour comme d’autres avec des allumettes. Et forcément, ça finit par brûler.

Un de mes romans préférés que j’ai lu et relu. Et même disserté et redisserté ayant rédigé un travail au gymnase sur le sujet des adaptations cinématographiques du livre. Je n’ai malheureusement pas retrouvé la disquette (! oui je suis si vieille) sur lequel je l’avais enregistré, ni mon livre annoté ☹️.

La marquise de Merteuil est mon héroïne absolue : intelligente, stratège, peste, libre avant l’heure… mais condamnée par un monde d’hommes à une chute aussi brutale que cruelle. Oui je vous l’accorde, elle s’est un peu condamnée toute seule… Sa fameuse lettre LXXXI reste un manifeste d’émancipation. Voir ce texte porté sur scène aujourd’hui, c’est forcément résonner avec notre époque.

Bérénice, Beausobre, 4 novembre 2025

Avec Racine, c’est la tragédie classique dans toute sa splendeur. On est à peu près tous d’accord pour dire que ça nous a bien enquiquiné de devoir le lire à l’école. À mon époque, nous avions la chance d’avoir le Théâtre Kléber-Méleau qui jouait toutes les pièces classiques que nous devions lire à l’école dont Bérénice. Cette histoire d’un amour impossible : Titus aime Bérénice, mais il aime aussi Rome et Rome ne veut pas d’une reine étrangère.

Ce qui m’a frappée, c’est que la chute de Bérénice n’est pas celle d’une faute, mais d’un sacrifice. Elle perd son bonheur parce qu’un homme choisit le pouvoir avant l’amour. C’est la douleur racinienne : pas de meurtre, pas de sang, juste un cœur qui se brise.

Bovary Madame, Vidy, du 17 septembre au 8 octobre

Avec Flaubert, on bascule dans un autre type de drame. Emma Bovary ne veut pas se contenter de sa vie étriquée, elle rêve grand, elle rêve autrement. Et dans sa quête de passion et de liberté, elle se heurte aux conventions… et finit par s’y perdre.

Avec Christophe Honoré et le Théâtre de Vidy, on sait qu’on va entrer dans l’arène du décrassage des classiques avec une relecture contemporaine. Sa conférence n’a fait que confirmer l’immanquabilité de cette nouvelle version. Ajoutons à cela Ludivine Sagnier et un jeune talent suisse, Davide Rao, la promesse est claire : ce Bovary ne sera pas un énième pensum scolaire, mais un choc scénique.

Trois héroïnes, trois chutes…

Ce qui me fascine, c’est que ces trois destins féminins racontent trois manières de tomber :
Merteuil, qui perd parce qu’elle a trop voulu gagner
Bérénice, qui perd par loyauté à un amour qui ne choisit pas
Emma Bovary, qui perd en refusant de se contenter de l’ordinaire

Trois époques, trois plumes, mais au fond, une même histoire: quand les femmes rêvent trop grand, la société leur rappelle brutalement leurs limites. Quelle pièce du 21e siècle pourrait-on rajouter…?

Les autres classiques de la rentrée culturelle

La métamorphose, Kafka, Pulloff, Lausanne, du 26 septembre au 12 octobre 2025

Dans les autres et divers tous aussi classiques, mais plus héros qu’héroïne, je demande La Métamorphose de Kafka (je me souvenais surtout de La Chute et du Procès) au Pulloff du 26 septembre au 12 octobre 2025. Avec mes mésaventures d’araignées, finalement n’est-on pas dans le thème avec ce cafard?

Hamlet, Shakespeare, Béjart Ballet Lausanne, Bâtiment des forces Motrices, Genève, 16-19 octobre 2025

Pour terminer en beauté, du Shakespeare avec Hamlet en version ballet de Valentina Turcu dansé par le Béjart Ballet Lausanne du 16 au 19 octobre 2025 au BFM à Genève. 

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