en attendant Béjart…

J’ai longtemps hésité à publier cet article…fan inconditionnelle de Béjart, ce n’est pas un scoop, je ne pensais pas un jour avoir un avis aussi mitigé sur les représentations qui se sont déroulées du 7 au 12 juin au Théâtre de Beaulieu (et encore j’ai tempéré mes propos depuis le soir de la représentation…)

Cela me désole car aussi longtemps que je m’en souvienne, je ne peux envisager la danse sans Béjart. Je précise d’emblée que je ne remets en aucun cas en cause la qualité des danseurs notamment mes trois préférés, qu’on ne voit d’ailleurs que trop peu, Julien Fravreau, Fabrice Gallargue et Oscar Chacon.

Je sais vous allez me traiter de conservatrice psycho-rigide et peut-être avez-vous raison, mais si je vais voir le Béjart Ballet Lausanne, c’est parce que je sais que je vais avoir quelques chose de parfait et en ressortir les larmes aux yeux, regrettant toujours de ne pas être devenue danseuse.

Eh bien pas cette fois…c’est bien ce que je craignais en prenant les billets (uniquement pour revoir le Boléro je l’avoue), ce fut du Béjart sans Béjart…et les applaudissements du public lausannois, toujours positif face à son BBL fut assez représentatif de la soirée. Standing ovation pour le Boléro (ovation pour moi discutable…), tonnerre d’applaudissements pour la chorégraphie « hommage déguisé » à Béjart, interprétée par Gil Roman lui-même…par contre il fut plus timide pour la première danse de Julio Arozarena et un peu moins pour l’Anima blues de Gil Roman revue pour l’occasion. Cette courbe d’applaudimètre reflète, somme toute, assez bien la soirée (je sais je suis sévère…).

Le spectacle s’ouvre donc par, Corps-circuit, moyennement convaincant. En effet, j’ai trouvé cette chorégraphie brouillon, les danseurs n’étaient pas ensemble (oui je pinaillerai jusqu’à la fin de mes jours, Béjart nous avait trop bien habitués!) et les pas un peu trop contorsionnés à mon goût.

Puis vint le solo de Gil Roman (à 55ans…).

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Dans un brouhaha de voix, ressort d’un coup celle de Maurice Béjart qui cite, entre autres, Le Maître et l’Elève. Le thème est donné, Gil Roman est à la fois l’élève et le maître face à sa troupe. Puis sur une musique de Bach le directeur artistique, derrière un rideau-filtre, joue avec une boule de lumière, un instant poétique et rempli d’émotions. Et cela aurait dû s’arrêter là pour moi…Pardonnez-moi Monsieur Roman mais autant je vous adore en Brel, autant je pense que désormais votre rôle est de diriger vos danseurs et d’entretenir l’héritage laissé par Béjart.

De manière plus générale, ce qui m’a énormément surpris ce soir-là fut le manque d’émotions et d’âme dans les chorégraphies. Et pourtant une se nomme Anima…blues certes. Mais rien ne se dégage, tout était plat comme absent…

Et autant dire que je n’ai absolument rien compris à Anima Blues, oui je sais je suis blonde et loin d’être métaphysicienne, pourtant lu le programme et les explications. Et c’est bien là où le bas blesse…pour moi la danse ne devrait pas m’obliger à philosopher sur ce que je vois, tout devrait passer par l’émotion et la musique. On peut, voire même doit, voir un ballet avec ses tripes et non pas par son cerveau. Si on peut d’ailleurs m’expliquer pourquoi mon pauvre Oscar passe les trois-quarts de la chorégraphie assis sur une chaise sous une pseudo neige en attendant Audrey Hepburn… tout ça sur un fond musical très peu supportable, quel gâchis.

Enfin arrive l’apothéose, ce pourquoi j’ai pris mon billet: le Boléro. On a bien évidemment tous en tête l’interprétation magistrale et absolument inégalable de Jorge Donn ou encore de Sylvie Guillem et je me réjouissais tellement de voir M. Favreau reprendre le rôle (à qui d’autre d’ailleurs pouvait-on l’attribuer??). Eh bien encore raté, ce fut Elisabeth Ros qui eu la lourde tâche de monter sur la table et de nous transporter durant 15 minutes. Je sais à quel point le public lausannois l’aime et je suis tout à fait consciente de l’extrême difficulté de la chorégraphie mais je n’ai pas du tout été transportée par son interprétation. Pour moi tout cela manquait d’ampleur, de sensualité et d’intensité. J’ai trouvé les danseurs autour d’elle beaucoup plus présents (bon je ne suis pas objective, mon préféré, Fabrice Gallargue, dansait…) et je m’autorise même une remarque concernant la « remise de mèches de cheveux » qui lui venait sur le visage…choix artistique très surprenant et pour hors sujet…

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Mais je ne vais pas m’arrêter à cette occasionnelle déception et ai bien évidemment déjà pris mes places pour « fêter Maurice au mois de décembre! Le temps va être long d’ici-là…

Béjart fête Maurice, du 16 au 22 décembre 2016, Théâtre de Beaulieu

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