Histoire de l’art par une nulle (3)

Pauvre Valentin

Vu que c’est (c’était) d’actualité, attardons-nous sur ce pauvre vieux Valentin de Terni (Ombrie) qui vécut au IIIème siècle et qu’on utilise désormais à des fins purement commerciales presque infondées.

Il fut persécuté par Claude II le gothique anti-chrétien et anti-mariage (déjà à l’époque… comme quoi les hommes d’aujourd’hui n’ont rien inventé…) et lui interdit de marier les couples, les hommes étant là pour s’enrôler et non pas pour s’amouracher. Plutôt que de se plier à cet ordre, Saint Valentin essaya de convertir l’empereur au Christianisme, en vain. Bon il s’en est tout de même bien sorti puisqu’il ne fut décapité qu’à l’âge 97 ans, un 14 février…

Les représentations du saint ne sont pas très nombreuses et encore moins nombreuses avec pour thème celui du mariage. Une des plus intéressantes fut produite par Jacopo Bassano (da Ponte) (ca. 1510-1592) exécutée en 1575 qui représente Saint Valentin baptisant Sainte Lucie.

Jacopo Bassano, peintre de Vénétie contemporain de Tintoret et Veronese, eut une première et principale période maniériste puis évolua dès les années 1542-1544 vers une peinture mélangeant certains aspects dudit maniérisme, la luminosité vénitienne et la récente technique du clair-obscur qu’il finira par utiliser à son maximum dès 1575 pour passer à un style plus sombre, inspiré par l’œuvre de Titien.

Le schéma de composition cadre la scène en extérieur, reprenant des éléments de la vie de tous les jours des Vénitiens affairés à leurs occupations en vêtements contemporains du XVIème siècle, un paysage en arrière-plan. Cette mise en scène du quotidien caractérise l’œuvre de Bassano donnant ainsi un côté plus réaliste (se détachant parfois du côté surréaliste du maniérisme, tentant lui d’oublier la dure réalité amenée par la Reforme, le Sac de Rome et la Contre-Réforme). Ce qui caractérise le peinture vénitienne est bien sûr sa lumière. Ici Bassano joue avec des lumières artificielles qui se fondent sur la matière des vêtements notamment et qui souligne ainsi le volume et les formes. Ajoutons, détail ô combien important, toujours par souci de réalisme la couleur de cheveux de la gente féminine est bien ce blond vénitien, à l’époque elles ne devaient au moins pas souffrir des gags pourris sur les blondes… elles.

Cette mise en scène illustre ainsi les caractéristique du peintre qui, jusqu’à la fin de sa vie, développa le genre de la pastorale biblique mêlant l’histoire sacrée et la vie quotidienne.

Pour en revenir à notre Valentin rappelons qu’il fut flagellé et décapité pour avoir redonné la vue à son « amoureuse », Julia, qui l’aurait probablement largué une fois sorti de prison… Joyeuse Saint Valentin, Valentin!

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