Quand danser donne des ailes

Les Oiseaux par les élèves de Rudra-Béjàrt

Petite migration par Servion en ce premier dimanche d’avril. Le Théâtre Barnabé, plutôt connu pour sa revue et son côté cabaret, accueille les jeunes danseurs de l’école Rudra Béjart pour deux représentations affichant complet.

J’avoue avoir pris les billets sans vraiment regarder de quoi il était question, de toute façon l’école ou Béjart ce sont des valeurs sûres. Puis la date approchant, je me suis dit que ce serait tout de même pas mal de se renseigner un peu sur ce que j’allais voir. Le résumé parle d’une performance « totale » basée sur une pièce d’un (apparemment célèbre…) dramaturge grec du 4e siècle, Aristophane, avec théâtre, danse, et chant (en grec), sur une musique composée par Manos Hadjidakis (apparemment tout aussi connu) en 1962. Autant dire que cela n’a pas été une mince affaire que de vendre le programme pour trouver un/e accompagnant/e non initié/e…

Arrivées au théâtre, Barnabé lui-même nous place, la salle ayant gardé les tables du repas, il n’est pas aisé de se faufiler et de s’installer. Tout le monde est cougné et de biais, comme des oiseaux…en cage…pas idéal pour la sciatique et ne pas attraper un torticolis. Mais pas le temps de piailler…

Le spectacle démarre. Deux jeunes déclament leur texte, sur une scène peuplée par les 38 autres élèves aux justaucorps colorés qui s’échauffent « les ailes ». D’entrée nous sommes surpris par leur jeu d’acteurs, n’imaginant en eux « que » des danseurs. Il faut tout de même préciser que l’école a toujours mis un point d’orgue à en faire des artistes complets. Tous montrent une aisance aussi bien dans le chant que dans l’occupation de la scène, on ose à peine imaginer les heures de travail pour un tel résultat. Certains n’hésitent d’ailleurs pas à prendre des risques en grimpant sur les épaules des autres et improvisant très bien l’atterrissage d’une chute manifestement pas prévue.. « ben quoi je suis un oiseau » enchaîne-t-il!

Le texte, au sujet pourtant atemporel, a bien évidemment été adapté à nos pauvres âmes contemporaines et le rende par conséquent abordable par tout un chacun. Il raconte la création d’une ville utopique habitée par les oiseaux qui bâtissent une muraille pour se protéger et se détacher des dieux. Ces derniers l’ayant appris, viennent recadrer la situation. J’avoue tout de même avoir eu un peu de mal au début à rentrer dans la pièce. Forcément j’y allais avec l’idée de voir un spectacle de danse ponctué de chant et de théâtre et non pas l’inverse. Même s’il n’y a pas d’acte, la première partie est donc passablement chantée, en grec en plus. Puis en deuxième partie, on retrouve nos habitudes, avec des chorégraphies et leur marque de fabrique, les percussions. Sabine la psychorigide va mieux, elle a retrouvé ses repères.

Les chorégraphies aériennes et fluides (j’y aurais peut-être vu plus de mouvements de bras rappelant les ailes des oiseaux – je suis peut-être trop focalisée sur le lac des cygnes -, représentés uniquement à la fin par deux grandes tiges de bambous, ondulés à merveille par une jeune et superbe danseuse), de ce que j’ai compris,  imaginées par les élèves, sont exécutées avec maîtrise, certains pas ne sont d’ailleurs pas sans rappeler les Sept danses grecques de Maurice Béjart et dans un style tout de même relativement proche.

Le public, après plus de deux heures de spectacle, est conquis! On se réjouit déjà du prochain…en attendant nous irons admirer le Boléro de Béjart à Beaulieu du 7 au 12 juin.

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