Le Presbytère : Béjart et Queen n’ont rien perdu de leur charme

Près de trente ans après sa création, Le Presbytère n’a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat. Ce ballet de Maurice Béjart, sur les musiques de Queen et Mozart, a rendu Ga Ga le Théâtre de Beaulieu. Une fin de saison 2024 marquée aussi par les adieux à la scène de Julien Favreau, désormais directeur artistique de la compagnie et le passage de flambeau à la nouvelle génération.

Créé en 1996 par Maurice Béjart, Le Presbytère n’a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat est bien plus qu’un ballet : c’est un chef-d’œuvre intemporel, un hymne à la vie et à l’amour.

Comme Béjart le dit lui-même, « Je le vois comme un ballet joyeux, ni sinistre, ni défaitiste. Si je ne dis pas que c’est un ballet sur la mort, personne ne s’en apercevra. »

Reposant principalement sur la musique puissante et évocatrice de Queen, mais aussi ponctuée par l’œuvre de Mozart, sublimé par des costumes signés Gianni Versace, ce ballet continue de traverser les époques avec une force inaltérable. Béjart, Queen, Mozart, Versace… 4 noms, 4 génies qui se rencontrent.

Le Presbytère, Béjart Ballet Lausanne

Le Presbytère, It’s a kind of magic…

Cette série de représentations à Beaulieu marquait un moment particulier : les adieux de Julien Favreau à la scène. Interprète emblématique du rôle de Freddie Mercury depuis 1998, il a incarné cette figure mythique des centaines de fois, avec une intensité qui a marqué des générations de spectateurs mais aussi de danseurs. Il incarna pour les dernières fois Freddie lors de la première et de la dernière (heureusement que je n’y étais pas, mon stock de mouchoirs n’aurait pas été suffisant). Ce soir-là, c’était Antoine Le Moal qui reprenait le flambeau, apportant sa propre énergie et son charisme au personnage.

L’émotion était palpable lorsqu’au salut final, Julien Favreau a ramené symboliquement Béjart sur scène, comme pour rappeler l’empreinte indélébile du maître. Heureusement que j’avais mes paquets de mouchoirs dans le sac au sortir d’une grippe carabinée, j’étais pas prête !

Le Presbytère, un hommage à Maurice Béjart

Le Presbytère : The Show must go on

Le Presbytère est né dans un contexte marqué par la tragédie : le spectre du SIDA qui décimait une partie du monde artistique. Ce ballet est un hommage poignant à Jorge Donn, danseur argentin et muse de Maurice Béjart, disparu en 1992. Il interroge avec acuité : « Pourquoi l’amour nous fait-il la guerre ? » Une question qui résonne encore, même si les progrès médicaux ont atténué la menace du SIDA.

Mais au-delà de la douleur, ce ballet est une ode à la jeunesse et à l’espoir. Maurice Béjart lui-même disait : « Ce ballet n’est pas sur la mort, mais sur ceux qui sont morts jeunes. » Un message d’optimisme traverse cette œuvre, avec le leitmotiv de Queen : The show must go on.

Who wants to live forever? grâce au Presbytère

La puissance de Le Presbytère réside dans sa capacité à fusionner les univers : la fougue inventive de Queen, le classicisme intemporel de Mozart, et l’audace chorégraphique de Béjart. Tout s’entremêle pour créer une expérience bouleversante, où l’invention, l’humour, et l’amour dansent ensemble.

Béjart disait : « De temps en temps, dans ce no man’s land où nous irons tous un jour, Freddie Mercury, j’en suis sûr, se met au piano avec Mozart. » Une vision poétique et lumineuse, qui incarne l’essence de ce ballet.

À la presque fin du Presbytère, un hommage particulièrement poignant est rendu à Jorge Donn, danseur argentin et muse de Maurice Béjart, sur l’incontournable « I Want to Break Free » de Queen. Jorge Donn, disparu à l’âge de 45 ans en 1992 des suites du sida, a marqué l’histoire du ballet par son incarnation bouleversante et inégalée du « Boléro » de Ravel. Pour Béjart, il était bien plus qu’un danseur : il était une âme sœur artistique, une source d’inspiration infinie. Ce moment d’hommage, vibrant d’émotion, relie l’histoire de deux figures emblématiques — Freddie Mercury et Jorge Donn — tous deux emportés par cette terrible maladie à l’âge de 45 ans.

Love of my life

Avec ma maman, nous avons essayé de calculer combien de fois nous sommes venues « voir Béjart » à Beaulieu. Depuis toujours, ou presque. Quand j’étais enfant, je trouvais Béjart trop avant-gardiste, moi qui étais accro aux pointes et aux tutus. Mais d’un coup j’ai eu le déclic et en peux désormais envisager manquer une seule représentation de la compagnie. Comme disait Béjart pour le Presbytère « Ce ballet se trouve lié à plein de sentiments », cette phrase résonne parfaitement avec mon lien avec le Béjart Ballet.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

You May Also Like