Comme à son habitude, l’exposition est particulièrement didactique et structurée ce qui motive toujours les plus récalcitrants. Étant plutôt du genre à passer 10 minutes dans une exposition (oui même si j’ai fait histoire de l’art…!), j’ai là pris le temps de lire chaque présentation et notice et même de regarder le film au 2e étage. Et j’ai bien fait! Sans ça je pense que je serais passée à côté du sujet.
Marius Borgeaud, malgré ce qui semble être d’une composition naïve voire superficielle, est un artiste qui demande d’être regardé. En effet, si d’apparence plate, les mises en scène sont somme toute recherchées. Il est vrai que:
- les aplats de couleurs souvent sombres (il n’a pas peur d’utiliser les noirs et les bleus pour autre chose que du « contouring »);
- le peu de rendu de texture ou de matérialité, aussi bien que pour les objets que les humains qui sont traités de la même manière;
- les perspectives fantaisistes (il n’a pas lu son Alberti en classe ;-));
- et sa femme Mado dans chaque tableau, les poétiques diront qu’elle est mélancolique, moi je dirais plutôt qu’elle fait la tête…
semble de premier abord très simple et pas très avenant, surtout si l’on est habitué à trouver ce type d’oeuvre dans toutes les ventes aux enchères d’art suisse et dans bon nombres de collections vaudoises où l’on y cherche pas forcément une signification profonde…
Mais…une fois que la mécanique de lecture intégrée, on a l’occasion de se plonger dans une simplicité sans fard (breton, oui jeu de mot nul…), une neutralité qui vous suspend dans les années 20 où les blessures de la Grande Guerre ne se reflètent pas.