Pietra, la femme qui danse

Il est 20h30 à l’Octogone, le public frétille dans l’attente de découvrir le dernier spectacle de Marie-Claude Pietragalla, ou plutôt chef-d’oeuvre devrais-je dire…

Noir!
L’Op. 20 du Lac des Cygnes de Tchaikovsky envahit la salle. Evidemment saisie aux tripes d’entrée de jeu, j’ai assez vite compris que l’introspection et les émotions allaient me submerger.

Le rideau s’ouvre ensuite sur la scène sombre, un écran « psychédélique » et Pietra, la femme qui danse, en pantalon et débardeur noirs, inspire et expire. Chi chou, chi chou…. Chaque mouvement est une respiration qui rythme le tableau, pas besoin de musique. Des gestes précis, harmonieux, même s’il y a « gesticulation », tout est calculé et exécuté de manière parfaite. « C’est un animal dansant ».

Le ton du spectacle est donné, Marie-Claude Pietragalla, danse, parle, chante, raconte et se raconte. Les textes, magnifiques, sont inspirés du livre éponyme que je me suis empressée de commencer, où elle retrace ses 40 ans de carrière. De ses débuts à l’Opéra de Paris à sa nomination d’Etoile grâce à Patrick Dupond en passant par la frénésie des premiers défilés, ou encore de ses collaborations avec Béjart (oui oui!!) ou encore et surtout avec Noureev, heureusement, elle nous fait grâce du sujet « Danse avec les stars »….

S’il m’a fallu quelques minutes pour « entrer » dans la narration, j’ai eu besoin de bien plus de temps pour en ressortir. D’une sincérité et vérité qui m’a touchée au point de faire resurgir l’un de mes deux plus grands regrets dans le vie, être danseuse, (c’est déjà pas mal, j’en ai que deux… me direz-vous!), il ne se passa pas une minute sans qu’une centaine d’émotions et quelques larmes ne se profilent.

Chaque tableau est d’une esthétique différente et surtout sans faute, on se laisse entraîner par le choix des musiques en parfaite adéquation avec la scène qui se déroulent sous nos yeux ébahis. Stravinsky – Olafur Arnalds – Portishead – Bart Howard – Birdy Nam Nam – Adolphe Adam – Massenet – Bizet, vous comprenez la diversité.

Comme envoutée, on aimerait que rien ne s’arrête, même les pleurs apparues dès la scène à la barre pour ne plus s’arrêter jusqu’au moment de la standing ovation inclus.
Je vous laisse imaginer une salle complète de 455 personnes se levant d’un seul homme dès son premier applaudissement.

Cela ne faisait aucun doute, Pietra nous a emmené dans un voyage sensoriel, visuel, auditif dont ils nous faudra longtemps pour nous remettre.

De loin l’une des plus belles performances que j’ai pu voir ces dernières années et pourtant c’est de la pure danse contemporaine ! Comme quoi, du moment que c’est juste, cela ne peut que vous toucher malgré votre conventionnalisme classique!
Seul problème… la barre est désormais placée tellement haute que les ballets contemporains qui ont suivi ou suivront auront bien de la peine à se faire une place dans mon coeur.

MERCI!
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