Un ballet de Genève Minimal Maximal

©gregorybatardon

Samedi soir, j’ai eu le privilège d’être invitée à la répétition générale du (ou plutôt des) dernier ballet du Ballet de Genève, Minimal Maximal au Grand Théâtre de Genève. Au programme, visite guidée du théâtre rénové, 3 chorégraphies et un « au final ça vaut le coup de venir jusqu’à Genève :-p »

Eh oui il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis… Si l’offre lausannoise, voire vaudoise en matière de danse, théâtre et musique classique est plus que conséquente, je commence gentiment mais surement à m’intéresser à ce qu’il se passe à « Guenève ». Alors quand j’ai reçu cette invitation (#lemaildelaconsecration), j’ai vite pris mon pti train jusqu’au Grand Théâtre de Genève.
Théâtre, qui, contrairement à mes idées préconçues, se trouve à quelques 15 minutes de marche de la Gare Cornavin, donc facile d’accès. L’excuse « ouais mais c’est loin » n’en est plus une puisque c’est presque le même temps que pour aller à Montreux, je dis presque!

Un opération donc minimale pour une soirée maximale en perspective.

Le Grand Théâtre de Genève

J’avais rendez-vous une petite heure avant la représentation pour une enrichissante visite guidée privée du Grand Théâtre. Un immense merci à Boris pour m’avoir aussi bien reçue !

Dantant du 19e siècle, le Grand Théâtre de Genève est rapidement considéré comme un des dix meilleurs d’Europe. Mais en 1951, c’est le drame, une répétition de Walkyrie (et non pas de Johnny) y met le feu.
En 1962, les genevois retrouvent enfin leur théâtre avec une scène plus grande que celle de l’Opéra Garnier ou du Staad Oper à Vienne.
Mais dans les années ’90, tout le monde déménage au Bâtiment des Forces Motrices…

2019, l’année de la résurrection. Après 3 ans de rénovation, de remis aux normes et de reconstitution, tout le monde retrouve ses foyers et ses marbres.

un mélange de marbres anciens et nouveaux

L’entrée principale, relativement sobre et épurée, à la protestante, vous accueille avec grand hall, la billetterie et un café avant de vous engouffrer dans l’antre du décor baroque (bon ok baroque pas tant d’époque).

Les foyers

C’est un moment hors du temps, j’avais l’impression de me retrouver à Vienne (ou presque) mais bon fallait que je me contienne pour pas trop faire l’excitée tellement c’était joli et féerique: des moulures, des dorures, des lustres, de la tapisserie, des fresques au plafond avec des petites angelots, vous l’aurez compris tout ce que j’aime retrouver quand je vais à l’opéra.

oui bon les lustres ça aident pas à prendre des photos potables…

La salle

L’expression « deux salles deux ambiances » prend tout son sens: changement de décor radical pour la salle de spectacle! On se retrouve presque sur un paquebot des années ’60, comme ils l’appellent à l’interne.

Fini le 18e, on est en plein mi-20e. Avec un plafond lumineux de Jacek Stryjenski, une oeuvre d’art à lui tout seul, intitulé Alto, quelques 1500 fauteuils en velours rouge, des appliques bien Art Déco et en face de vous, juste la plus grande salle de Suisse. Impressionnante, elle fait toute la largeur du bâtiment, donnant ainsi un accès direct des coulisses à la rue.

oui ça fait haut même depuis le 1er balcon

Comme à Beaulieu, on y voit bien de partout. L’acoustique a également été repensée et on entend bien même depuis tout en haut.

Sans oublier LES BARS!! Il y en a plusieurs dont un tout en haut avec un côté japonisant, sobre et épuré avec une voie lactée au plafond et un au sous-sol, le bar bleu, parfait pour les ApérOpéra (comment on y a pas pensé avant??!!).

Le bar bleu

Minimal Maximal

Revenons tout de même à nos moutons, le ballet!

Le Ballet de Genève

La compagnie, née en 1962 et sous la direction actuelle de Philippe Cohen, le Ballet de Genève est composée de 22 danseurs, 11 filles, 11 garçons, relativement jeunes (ou c’est moi qui me fait relativement vieille…), ce qui n’est pas beaucoup, sachant que le Béjart Ballet, à titre comparatif, compte une quarantaine de danseurs.

Les chorégraphies

Minimal Maximal est un triptyque de ballets offert par 3 chorégraphes différents, Ioannis Mandafounis, Andonis Foniadakis et Sidi Larbi Charkaoui mais qui ont pourtant un point commun dans leur approche de la danse: la fluidité des corps et sa synchronisation avec la musique.
Et quelle musique puisque deux des ballets sont dansés sur une musique live de l’Orchestre de la Suisse romande, rien que ça!

1) Fearful Symmetries

De Ioannis Mandafounis, chorégraphe genevois, sur la musique de John Adams – 30 minutes

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Cette première création est la plus « contemporaine » des trois. Si on reconnait bien les bases classiques (oui fiouf, j’avais encore quelques repères) elles sont clairement adaptées à style très urbain. Une sorte de hip hop classique, d’ailleurs les danseurs sont en baskets, souples certes, mais ce n’est tout de même pas évident de bien pointer avec des baskets.

Si j’ai bien évidemment eu un peu de peine avec le côté « on gesticule et court partout » (vous me connaissez et je sais on va dire que je comprends rien), on soulignera le côté joyeux, ludique, élastique et entraînant de la chorégraphie et des danseurs.
Une sympathique entrée en matière.

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2) Paron

De Andonis Foniadakis, sur le Concerto pour violon n°1 de Philippe Glass, par l’Orchestre de la Suisse Romande et la soliste Alexandra Conunova – 30 minutes

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Je ne vous cacherai pas que ce fut ma préférée des trois, bon forcément Andonis Foniadakis a travaillé avec Kylian, Forsythe et mon Béjart et la musique était comme vivaldesque, (la fille totalement objective…!). On avait d’ailleurs déjà pu voir une de ses chorégraphies au mois de mars, si je ne me trompe pas…

Un moment lunaire. Bon ok j’invente rien, il y a deux C mobiles tantôt croissant, tantôt pleine lune. MAIS, cela confère une atmosphère féerique.

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je sais j’avais pas le droit…


Une fluidité et légèreté des mouvements accentués par le choix des costumes rappelant lointainement Star Trek (me demandez pas d’où je sors cette référence…), pantalons larges. que personnellement je me serai déjà prise les pieds dedans 15x, #çasentlevécu, et par les longs cheveux détachés.

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Il est vrai que le violon soliste, sur scène, rend cemoment encore plus unique.
Par contre, épileptique s’abstenir car lors de la dernière scène car ils jouent avec les reflets de lumière dans des miroirs pour un effet trombinoscopique maximal.

3) Fall

de Sidi Larbi Cherkaoui, danseur chorégraphe belge, sur une musique d’Arvo Pärt par l’Orchestre de la Suisse romande – 40 minutes

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Tout est dit dans le titre (à double signification en anglais).
Dans un décor simple vaguesque mais qui fait tout son effet, d’ailleurs la classe de jeunes enfants présents dans la salle n’a pu retenir un cri d’admiration, composé de simples drapés blancs jouant au gré du vent et de la musique, les danseurs tombent, se relèvent, tourbillonnent comme des feuilles mortes sur des lumières aux couleurs d’automne.

Poétique et envoûtant, j’étais comme hypnotisée, voire bercée. Un peu trop peut-être, la musique étant tout de même un peu répétitive.

Fun Fact: cette chorégraphie, créée en 2015, se dansait initialement sur pointes. Mais la version Grand Théâtre de Genève est sur demi-pointes, se rapprochant ainsi plus du contemporain même si on reste quand même sur une belle base de classique.

Et pour enfin essayer de démystifier les préjugés de la danse et des danseurs précieux en collant moulant, on appréciera la performance fluide et harmonieuse du danseur/hipster Xavier Juyon.

©gregorybatardon

Conclusion et avis

Minimal
  • la musique, indéniablement, mais on est pas dans de l’électro minimale non plus, n’ayez crainte!
  • les décors, simples mais très efficaces
Maximal
  • la découverte du Ballet de Genève
  • l’utilisation des lumières et des jeux d’ombre
  • l’envoûtement, qu’il soit « stressant » avec Fearful Symmetries ou reposant avec Fall
  • le sentiment d’avoir passé une excellente soirée.

Les trois ballets sont ainsi liés par la fluidité mais aussi la rapidité des mouvements qui s’accordent à la musique. En bref, une très belle performance néo-classique plus que contemporaine du Ballet de Genève que j’ai hâte de retrouver dans l’opéra-ballet Les Indes Galantes au mois de décembre.

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