L’autre chant de la danse, c’est le nom du livre de Maurice Béjart écrit en 1974. Il y raconte ses rêves et son travail sur la 3ᵉ Symphonie de Mahler. Presque 50 ans plus tard, c’est la chorégraphe japonaise Yuka Oishi qui s’est laissé inspirer par le maître pour créer le ballet éponyme. Il est présenté en première mondiale au Théâtre de Beaulieu à Lausanne en ce mois de juin 2023.
Quoi, pas de chorégraphie de Béjart ou même de Gil Roman. Le public lausannois, serait-il encore plus puriste que moi ? Certain.es semblent hésiter à se rendre au traditionnel rendez-vous printanier du Béjart Ballet à Beaulieu qui affiche L’autre chant de la danse par Yuka Oishi.
Effectivement, c’est, il me semble, la première fois depuis la mort de Maurice Béjart en 2007 que la Compagnie ne présente pas une œuvre du maître. Pas que le répertoire soit épuisé mais, pour être franche, même la vieille ronchon que je suis, avait soif de nouveautés. Mon cœur sera toujours voué au Presbytère, Brel et Barbara et les 7 Danses grecques.
Que l’on se rassure, le ballet est inspiré d’un livre éponyme de Béjart, dansé par le Béjart Ballet, les « risques » étaient somme toute mesurés. C’est donc tout à fait confiante, sans même y avoir pensé en vérité jusqu’à ce que le 24 Heures en fasse mention, que je me suis rendue à la première de L’autre chant de la danse avec ma maman. On ne change pas une tradition mère-fille vieille de 20 ans ! (la tradition… pas nous :-p).
Après deux heures féériques de spectacle, je peux vous assurer, en toute objectivité et honnêteté, que si je n’avais pas su le nom de la chorégraphe derrière cette création, j’aurais pu penser que c’était bien une œuvre de Maurice Béjart. On y retrouve en effet de nombreux codes, mouvements, mécanique de mise en scène.
Un doux mélange symphonique entre le Sacre du Printemps, Casse-noisette, de Tous les hommes presque toujours s’imaginent ou encore Liebe und Tod. Bon forcément, c’est le même compositeur.
L’autre chant de la danse, 1ère partie – les mouvements 1 à 3
Après une brève introduction narrative par LUI, le danseur Federico Matetich, nous embarquons pour un songe (presque d’une nuit d’été) en direction d’une forêt enchantée.
On découvre un monde onirique aux tonalités de vert absinthe, dans lequel créatures fantastiques tels que oiseaux à plumes se déplumant, serpent taquin et ondulant interprété par Jasmine Cammarota, papillons papillonnants et même un ours*.
*Ce serait peut-être mon seul bémol (bon la Symphonie est en ré mineur :-p), si je peux me permettre, l’ours n’était pas nécessaire et amenait un angle un peu trop enfantin Disney.
J’ai même cru, l’espace d’un instant, retrouver ma prof de danse, interprétée par Solène Burel, qui nous corrige parfois un peu sèchement à la barre avec sa canne. Mais l’espiègle Kwinten Guilliams ne se décourage pas pour autant. Petite pensée pour elle, Gyslaine Delaunay.
Si la musique de Mahler reste difficile, voire un peu militaire, dans cette première partie, les danseurs et danseuses virevoltent pour contrebalancer la pesanteur de la musique et nous la faire presque oublier.
L’autre chant de la danse, 2nde partie – les mouvements 4 à 6
La seconde partie, bleutée cette fois-ci, est d’une élégance et d’une grâce envoutante. On se laisse gentiment bercer par le bruit des vagues. Un interlude dansé par Oscar Eduardo Chacón, avons-nous peut-être échoué sur une 8e plage grecque ?
Elisabet Ros nous offrira une performance envoutante, presque protectrice qui rappellera Tous les hommes. Elle sera suivie, entre autres, par un pas de deux avec la délicate Kathleen Thielhelm. Pour terminer, comme nous avions commencé, avec toute la troupe en symbiose totale, raccompagnant LUI et le public hors de ce moment rêvé.
Un vrai voyage aux pays des rêves qui fait un tel bien à l’âme. Comme une pause enchanteresse dans cette époque un peu trop excitée à mon goût. Merci Yuka Oishi pour ce moment.
À voir au Théâtre de Beaulieu à Lausanne jusqu’au mercredi 21 juin 2023. Sinon rendez-vous en juillet pour le Boléro au Forum de Martigny!
L’after première
J’ai pu, pour la première fois de ma vie de groupie du Béjart Ballet, me rendre au cocktail VIP après le spectacle. Au programme, champagne et petits fours, mais surtout, rencontres avec tous les danseurs!! Si l’on m’avait dit à 18 ans qu’un jour, je pourrais approcher, tutoyer et même partir à Marrakech avec des danseurs et danseuses du Béjart Ballet, jamais, je n’y aurais cru.
1 comment
Âpre avoir lu un tel article vous ne pouvez que courir acheter votre billet !!!